BLACK INK STORIES – FOCUS SUR LE TATOUEUR IVOIRIEN KI2LA TATTOO

BLACK INK STORIES – FOCUS SUR LE TATOUEUR IVOIRIEN KI2LA TATTOO

Black Ink Stories est un projet que nous avons créé en 2018 et qui s’intéresse au rapport des afro descendants au tatouage.

Nous allons à la rencontre d’hommes et de femmes tatoueurs et tatoués pour raconter leur histoire, au-delà des stéréotypes et idées reçues.

Dans cette série, nous mettrons en lumière les artistes tatoueurs noirs à travers leur identité, leur parcours et leurs aspirations .

Aujourd’hui nous allons parler d’une référence du tatouage à Abidjan :  Ki2la Tattoo.

Alors  qui est Ki2la Tattoo et comment son histoire a commencé ? 

Je suis Koua malandjo Éric Stephane plus connu sous le nom de Killa tattoo( ki2la tattoo), originaire de la Côte d’Ivoire.

Le  tatouage est pour moi une passion d’enfance. En effet déjà en classe de CE1, j’étais attiré par le domaine artistique : le dessin et la sculpture entre autres.

En 6ème je rêvais d’être peintre et par la suite j’ai fait la connaissance d’un aîné tatoueur au collège du nom de Franck Bognoni qui m’a initié au tatouage. Mon premier tatouage remonte ainsi à 2005, des débuts complexes qui ne m’ont pas empêché de persévérer.

C’est durant mes études de graphisme et web design au Ghana en 2012 que j’ai commencé à m’intéresser sérieusement à cet art et à enrichir mes connaissances au côté d’artistes tatoueurs. Notamment des tatoueurs américains de passage en Afrique, avec lesquels j’ai pu échanger et apprendre de nouvelles techniques.

Sur le plan professionnel,  j’ai eu à  travailler comme graphiste web désigner en plus de tatoueur. Et c’est deux ans avant mon retour à Abidjan que j’ai eu l’idée d’y avoir un salon de tatouage car la demande y était forte .

Une décision que je ne regrette pas et je continue à me donner à fond..

Quelles étaient les réactions de tes proches (famille, amis) concernant ton choix de profession ? Qu’en pensent-ils aujourd’hui ? 

Des réactions positives et encourageantes des amis et de la famille en général.

Il est vrai que le contexte africain fait que j’ai rencontré certaines réactions négatives dans la société mais les esprits sont plus ouverts aujourd’hui.

C’était un peu difficile d’accepter ma décision pour mon père au début mais par la suite il a su me comprendre et m’encourager.

Le soutien de la famille est très important et ils reconnaissent ma place dans ce domaine.

Quelle est ta spécialité en terme de tatouage? 

Le style Black-and-gray qui est un style de tatouage qui utilise uniquement de l’encre noire dans différentes nuances et généralement à l’aide d’une seule aiguille.

J’ai choisi ce style car nous sommes en Afrique et il met plus en valeur le travail de l’artiste sur la peau noire.

As-tu une œuvre (tatouage) dont tu sois le plus fier ? Si oui laquelle ?

L’œuvre dont je suis le plus fier est une pièce réalisée il y a quelques mois : un éléphant dans une carte d’Afrique.

Son originalité me rend particulièrement fier.

Quels sont les bons et les mauvais côtés du métier de tatoueur en Côte d’Ivoire d’après toi ?

Le mauvais côté est essentiellement le risque sanitaire.

En effet un tatouage se fait avec des aiguilles qui percent la peau. Il faut donc faire preuve d’attention et de prudence. La réalisation d’un tatouage demande un respect strict des mesures hygiéniques (port de gants…) car ces tatouages peuvent être la source d’infections graves et de contamination.

Je mets toujours un point d’honneur à respecter les règles d’hygiène: avant, pendant après les séances.

Le bon côté est de pouvoir rendre les gens heureux et leur donner le sourire grâce à nos réalisations.

Quels sont tes projets concernant ton activité ? 

Mes projets futurs sont :

La création d’un centre de formation en tatouage et piercing afin de permettre aux africains d’apprendre ce métier dans les règles de l’art: méthodes, matériel approprié…;

L’organisation de salons du tatouage dans différentes régions d’Afrique car nous avons des talent dans ce domaine et il faut qu’on puisse permettre à nos artistes africains d’avoir de la visibilité et d’être reconnus;

Et la création d’un shop où les artistes tatoueurs pourront se procurer tout le matériel approprié sans avoir à commander en Europe. Ils auront la possibilité de se ravitailler en Afrique car le ravitaillement constant en France ou aux USA est une grosse contrainte.

Que penses-tu de la culture du tatouage en Côte d’Ivoire ? En Afrique ?

Qui parle de tattoo parle de modification corporelle. Dans certaines tribus africaines, avoir un tatouage était l’équivalent de porter sa carte d’identité sur le visage.

Certes, certains peuvent détester ce choix  mais c’est une marque de fierté et non de honte.

Dans la plupart des cultures africaines, il s’agissait d’une composante esthétique et culturelle majeure, comme en témoignent les sculptures dans les musées du monde entier.

Les motifs de modification corporelle sur les sculptures africaines ne sont pas seulement des marques esthétiques, elles symbolisent aussi une lignée et, dans certains cas, une protection contre les mauvais esprits.

Cette pratique a toujours existé dans nos sociétés. Et bien qu’aujourd’hui certaines personnes le fassent plus pour le fun ou marquer des moments de leur vie, ceci demeure une forme d’expression et je pense qu’il n’y a rien de négatif.

Nous pouvons donner plus de valeur à cette culture.

Quelques conseils ou recommandations pour les personnes qui souhaiteraient se lancer dans le métier d’artiste tatoueur ? 

Conseils et recommandations pour être un bon tatoueur:

La pratique

Déjà être bon en dessin ne suffit pas pour devenir un bon tatoueur

Pour devenir tatoueur, il est évident qu’une aptitude naturelle pour le dessin est nécessaire, mais il y a un fossé énorme entre ce que vous pouvez dessiner sur une feuille de papier et ce que vous pouvez tatouer.

Comme pour toute discipline, il va vous falloir de l’entraînement et vos travaux s’amélioreront avec le temps mais il est primordial de commencer par des conceptions simples

L’investissement

Vous allez devoir investir dans votre équipement et c’est un investissement qui ne sera rentable que sur le long terme.

Le focus client

Pour être un bon tatoueur, vous devez oublier vos propres soucis pour ne penser qu’à la personne en face de vous. C’est très important de vous soucier d’elle et de ses attentes.

Si un client vient vous voir avec une mauvaise idée de tatouage, vous devez le lui dire. Pour une personne lambda, il est impossible de savoir ce qui fait ou non un bon tatouage, car c’est une subtilité que vous apprenez après des années de travail. Votre travail est donc de guider les clients et de leur donner des bons conseils.

 

La concentration

Vous devez apprendre à rester concentré.

Une qualité primordiale pour un tatoueur est de savoir se concentrer sur son travail. Vous devez atteindre un calme semblable au zen suprême. Certains tatouages nécessitent des heures et des heures de travail.

Et quand vous pensez avoir fini, il vous reste encore tout le remplissage à faire.

Vous pouvez paniquer, c’est normal, mais il faut que vous appreniez à vous recentrer.

La discipline en toute chose, la patiente et toujours se donner les moyens pour atteindre ses objectifs.

Le salon Ki2la Tattoo est situé à Cocody 

Son compte Instagram: @ki2la_tattoo 

 

 

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Erika Wilson

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