AFRIQUE DU SUD – ENTRETIEN AVEC SHO MADJOZI

AFRIQUE DU SUD – ENTRETIEN AVEC SHO MADJOZI

Après son premier hit “John Cena”, Sho Madjozi est devenue en l’espace de quelques années, un symbole de cette nouvelle génération d’artistes africains qui se démarquent. Originaire d’Afrique du Sud, nous avons eu l’occasion d’échanger avec elle, sur divers sujets aussi variés que passionnés. De ses débuts dans la musique, à son amour pour la mode en passant par ses influences musicales, petit tour de table dans une interview à Sho.

Qu’est ce qui a changé pour toi depuis “John Cena” ?

Depuis que j’ai sorti mon hit “John Cena” tout a changé pour moi. Beaucoup d’exposition d’un coup et beaucoup de concerts. Depuis, ma vie est incroyable !
Et puis la Covid est passée par là, tu connais.

Qu’est ce que tu écoutais étant petite ?

Wow, d’accord. Cool. J’aime cette question. Alors la musique avec laquelle j’ai grandi est 100% Africaine. 1000000000% même. J’adore la musique que jouaient mes parents. Même aujourd’hui, no offense, mais je n’écoute pas vraiment mes pairs. J’écoute, genre, de la vieille musique. Donc, comme Oliver Mtukudzi par exemple. Il y a une belle chanson de lui qui s’appelle “Mai Varamba”. C’est un artiste Zimbabwéen que j’adore. Décidément, je ne peux pas ne pas mentionner Kanda Bongo Man.
Il a une chanson qui s’appelle “Sai” et qui m’obsède. La musique Congolaise pour toujours et à jamais ! Et en tant que Sud Africaine, je ne peux pas faire sans Brenda Fassie. Je sais que c’est évident mais “Vuli Ndlela” c’est forcément un banger !

Est-ce important pour toi de mettre en valeur ta culture ?

Ouais. Pour moi, c’est très important de revendiquer ma culture. Je ne pense pas qu’on voit l’Occident comme une “culture”. On s’y plie parce que c’est la norme, tu vois ? Mais je la vois plutôt comme la culture d’un autre. J’ai envie de me concentrer sur ma culture et de me demander “Quelles sont les merveilleuses choses qu’on a apporté au monde ?” Que ce soit la mode, la beauté, la musique, dans quoi on peut puiser ? J’ai tendance à penser à nos ancêtres, comment c’était. Et je me dit qu’ils ont obligatoirement beaucoup apporté au monde à travers une esthétique, la musique, la culture. Alors j’y puise les meilleurs éléments, et je les intègre à ma personnalité au quotidien.

Qu’est ce qui te viens en premier ? Les mélodies ou les paroles ?

J’essaie vraiment d’être une artiste qui pense la mélodie en premier. mais j’adore les lyrics décalées. Je veux mettre des blagues dans ma musique, des références cachées. Je veux y mettre un commentaire politique. Et puis, il y a des façons de le faire. Ouais donc j’ai les lyrics en premier et la mélodie en second.

 

Quelle est la place de la mode dans ton art ?

La mode est infiniment importante. Quand tu y penses de manière pratique. C’était un moyen d’être identifié, par exemple. Juste à son look, tu peux dire que cette personne est Yoruba ou Tsonga ou cette personne est Kikongo etc… Et puis un look en dit tellement sur qui tu es. J’estime que si tu ne puises pas dans ta culture, alors tu n’exprimes pas grand chose. Je pense qu’il faut vraiment y réfléchir Qu’est-ce qu’on exprime, qu’est-ce qu’on est ?

Quelle est l’inspiration derrière ton album “What A Life” ?

Avec “What A Life”, j’ai voulu revenir aux légendes de ma culture, leur rendre hommage, leur donner de l’amour, en gros, faire la musique avec laquelle j’ai grandis.

Comment t’es tu impliquée dans la direction artistique du projet ?

Je suis 100% impliquée dans tout. Dans la réalisation, la conception, le stylisme, le repérage pour mes vidéos. C’est comme ça quand tu as peu de moyen, tu fais tout. Je pense que quand tu es musicien, tu n’es pas juste un musicien, Tu dois penser à ton image, à ton style. Je suis complètement impliquée dans tout ça.

Qu’est ce que tu aimerais qu’on retienne de toi et de ta musique ?

Le message que je veux laisser, c’est qu’il faut que tout le monde sache qu’on peut créer le monde qu’on imagine. On ne peut pas se contenter du monde tel qu’il est. Il y a des gens qui disent “C’est ce que l’Afrique est censée être !”. “C’était comme ça et ça le restera”.  Eh ben non, tu peux créer et imaginer un autre monde.

Que penses-tu du succès mondial de l’amapiano ?

Je pense que ce n’était qu’une question de temps avant que le monde ne découvre à quel point l’Afrique est ouf , et aussi à quel point la scène dance Sud-Africaine est originale et créative.
Il était temps, je suis tellement excitée.

Être artiste, c’est forcément être engagée ?

C’est une bonne question. L’artiste doit-il être un activiste ? Il y a plein de manière d’être un activiste. Dispenser de l’amour et de la joie, pour moi, c’est déjà très bien. Personnellement, j’ai envie de parler de la corruption, du racisme, de l’identité. C’est mon point de vue. Mais je pense que si ta musique aide ne serait-ce qu’une personne à se sentir mieux dans ce monde, je pense que tu as fait du bon boulot en tant qu’artiste.

Quels anciens lyrics tu changerais si tu pouvais ?

Il y en a une que j’ai changé effectivement. Ça faisait “Their job is to talk. Our job is to work, Our job is to take you forward and never reverse”, quelque chose comme ça. Oh ouais ouais ! Alors ça faisait “Our job is to take you forward and THEN you reverse.” Je me suis dit “mais pourquoi tu as dit ça ?” J’aurais pu dire “and never reverse”. Mais bon, l’album était déjà sorti donc trop tard. C’était si facile, “Our job is to take you forward and never reverse.”
Sur scène, je la change direct.

 

 

Faut il être vulnérable pour être artiste ?

Je pense que l’art peut servir plusieurs buts. Sur le 1er album, je n’étais pas du tout vulnérable. Honnêtement, c’était plutôt, je suis une jeune femme Africaine, Je fais ce que je veux, quand je veux. Sur le second, c’était plutôt : “Oh mon Dieu je suis tellement reconnaissante d’être ici”. Et pour le 3eme, je serais sûrement plus vulnérable. Je passe par des moments difficiles. La célébrité, c’est difficile. Avoir du succès, c’est compliqué. Avoir un hit viral, c’est chaud parce que ta prochaine chanson doit être au moins aussi bien que la précédente. Je vais essayer d’être honnête avec moi-même pour le prochain projet. J’en ai besoin. Wow, c’est la musique qui m’aide maintenant.

Comment arrives-tu à prendre soin de ta santé mentale ?

J’ai pas réussi. On va pas se mentir, maintenir ma santé mental a été la chose la plus dure que j’ai faite récemment. En Afrique du Sud, on a eu un confinement très dur. On est restés chez nous près d’un an, c’était strict. C’était dur. Honnêtement, je réalise à peine que la joie reprend le contrôle. Je pense que j’avais oublié ça.

Comment tu te vois dans cinq ans ?

D’ici 5 ans, je veux avoir écrit quelque chose d’important. Un livre ou quelque chose du genre. J’ai vraiment envie de faire ça. J’aimerais aussi gagner une grosse récompense internationale. Je sais. Beaucoup disent que les Awards ne servent à rien. Mais j’aime bien les gagner. Donc oui je veux écrire quelque chose d’important. Je veux me dégager du temps pour réfléchir et être créative.

Qu’est ce qui t’a marqué lors de tes nombreux voyages ?

Au fil de mes voyages, ce qui me frappe le plus, c’est à quel point nous sommes similaires. Au départ, tu voyages et tout te sembles différent. Mais à la base, les humains sont les mêmes partout. Les gens veulent juste qu’on leur donne de l’amour et faire partie de quelque chose.

S’il n’y avait qu’un seul mot pour te définir ?

Je ne sais pas je dirais que j’évolue. Je grandis et j’évolue.

 

Retrouvez l’interview sous format video ci-dessous

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Lionel Dalight

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